Elle rit

[audio:http://michel.gullo.free.fr/audio/album2007/05_elle_rit.mp3]
Elle rit (Michel Gullo)

Ne croyez pas que je sois dupe
Ne dites pas que je suis fou
Qu’elle lève un peu trop sa jupe
Et mon cœur est au garde-à-vous
Fidèle et tendre jusqu’au bout
Je dis qu’ je l’aime et je le pense
Mais ma raison n’a plus de prise
Ce feu qui brûle mes défenses
Fait de ma vie une soumise
A ses genoux et à sa guise

Elle rit
Je fais le fort je fais le beau
Elle pleure
Et je la couvre de cadeaux
Elle ment
Je ne dis rien je fais semblant
Elle joue
Je sais qui sera le perdant

Il lui suffit d’une dentelle
Et d’un regard un peu plus sourd
Pour que j’oublie jusqu’à mes ailes
Et mon orgueil et mes discours
Je n’ suis plus moi je suis son cours
Je sais sa force et son audace
Ell’ sait mes rêves et mes désirs
Mais jamais dans nos face-à-face
Ell’ n’abuse de son élixir
Elle qui pourrait m’anéantir

Elle rit
Je fais le fort je fais le beau
Elle pleure
Et je la couvre de cadeaux
Elle ment
Je ne dis rien je fais semblant
Elle joue
Je sais qui sera le perdant

Dormir

[audio:http://michel.gullo.free.fr/audio/album2007/04_dormir.mp3]
Dormir (Michel Gullo)

Dormir
Fermer les yeux et ne plus se dire
Si on est vivant si on respire
Se résigner à ses souvenirs
Dormir
Dormir
Juste marcher pas même courir
Ne plus rien voir ne plus rien sentir
Ne plus aimer mais ne plus séduire
Dormir
Dormir
Ne plus pleurer mais jamais ne rire
Ne plus haïr mais ne plus s’unir
Plus d’émotions mais plus de délires
Dormir
Dormir
Laisser le bon pour laisser le pire
Plus de questions mais plus de désirs
Rester blanc jusque dans ses soupirs
Dormir
Dormir
Ne rien briser mais ne rien construire
Ne rien risquer pour ne plus souffrir
Ne plus donner mais prêter à rire
Dormir
C’est s’enfermer et ne plus s’ouvrir
C’est végéter à peine survivre
Survivre mais quand même vieillir
Vieillir

Au pays de nos rêves

[audio:http://michel.gullo.free.fr/audio/album2007/03au_%20pays_de_nos_reves.mp3]
Au Pays de nos rêves
(Michel Gullo) (piste 3 / Que restera-t-il)

Et si l’on partait tous les deux
Bien avant que le jour se lève
Si l’on quittait ces tristes cieux
Pour vivre au pays de nos rêves
Et si l’on partait sans rien dire
Comme font les oiseaux sauvages
Ressentir nos premiers désirs
Retrouver de vrais paysages

Au pays de nos rêves
On danse avec nos cœurs
Et nos âmes s’élèvent
Bien plus haut que nos peurs
Au pays de nos rêves
Tout est charme et douceur
Le temps fait une trêve
Pour nous remettre à l’heure

Et si l’on partait bien avant
Que nos vies s’amertument
Bien avant que nos sentiments
Ne deviennent brouillards et brumes
Et si l’on quittait ce bateau
Tout vermoulu de certitudes
Pour trouver des mondes nouveaux
Il faut chasser les habitudes

Au pays de nos rêves
On danse avec nos cœurs
Et nos âmes s’élèvent
Bien plus haut que nos peurs
Au pays de nos rêves
Tout est charme et douceur
Le temps fait une trêve
Pour nous remettre à l’heure

Anna

[audio:http://michel.gullo.free.fr/audio/album2007/02anna.mp3]
Anna (Paroles de Didier Guignard / musique de Michel Gullo) (piste 2 / Que restera-t-il)

C’est au plein centre d’une cité
Que l’on a fermé un îlot
Où les enfants peuvent jouer
D’un peu de sable pour tout château
Les enfants ont bien du talent
Pour imaginer un point d’eau
Dans ce désert bien trop bruyant
Peuplé de pigeons et moineaux

Cours, cours dans la cour petite
En suivant le cours des ruisseaux
Vrais ou faux sors en des pépites
Cours, cours dans la cours petite
Laisse leur t’offrir en cadeau
Des baguettes magiques en roseau

Anna se méfie des oiseaux
Qui trouvent bonheur dans la ville
Ils ont des ailes et ces idiots
Préférent prendre la même file
Et pour que sa peau soit si brune
Elle a inventé le soleil
Par le sourire de la lune
L’éclat de sa bouche vermeil

Cours, cours dans la cour petite
En suivant le cours des ruisseaux
Vrais ou faux sors en des pépites
Cours, cours dans la cours petite
Laisse leur t’offrir en cadeau
Des baguettes magiques en roseau

Anna s’est promis de voir la mer
De la goûter de lui parler
Voir les océans en colère
Afin de pouvoir les gronder
Elle s’est promis de s’en aller
A travers les grilles du jardin
D’entrainer loin de la cité
Tout ce qu’elle aime et puis le chien

Cours, cours dans la cour petite
En suivant le cours des ruisseaux
Vrai ou faux sors en des pépites
Cours, cours dans la cours petite
Creuse le lit de ton destin
Vrai ou faux sors-en des pépites
Cours, cours dans la cour petite
Creuse le lit de ton destin
Juste pour l’éclat dans ta main

musiciens.bizz

musiciensbizz Article paru sur musiciens.bizz

  • « Délaissant sa chanson folk habituelle, Michel Gullo sort un nouvel album synthétique et dansant. En est tiré ce mp3 que nous vous engageons à écouter aujourd’hui.

Il est évident que Michel a trouvé de la fraîcheur à draper sa musique dans l’electro pour en faire de la chanson délicate. Le production est soignée et l’écriture profonde.

Interrogation majeure, s’il en est, sur la question de la condition humaine et de la portée de nos faits et gestes, ce « que restera-t-il » restera comme une belle réussite dans l’œuvre de Michel. »

Que restera-t-il

[audio:http://michel.gullo.free.fr/audio/album2007/01que_restera_t_il.mp3]
Que restera-t-il (Michel Gullo)

Des colères stériles de nos avis certains
De nos peurs infantiles à nos vies de vauriens
Des mensonges sournois pour simples mots d’excuses
De tous nos faux-débats et de nos sombres ruses
Que restera-t-il ?
De tous nos mots d’amour nos paroles de saints
Qui disent pour toujours mais pensent au prochain
De nos seins en plastique et de nos queues en bois
De nos rides élastiques de nos « chacun sa proie»
Que restera-t-il ?

Que restera-t-il ? Que restera-t-il ?
Quand nous irons plus loin que nos étroites vies
Quand nous serons enfin au creux de l’infini
Que restera-t-il ? Que restera-t-il ?

Des commerces de chair des marchands d’illusion
Des brasseurs de poussières des faiseurs d’opinion
De nos amas d’écus qui découlent souvent
De nos manques de cul qui font bien trop de vent
Que restera-t-il ?
Des promesses faciles des escrocs du pouvoir
Des guerres Bush et Fils des accrocs de l’or noir
Des dictatures viles des extrémistes fous
Des religions séniles de nos « mal aux genoux »
Que restera-t-il ?

Que restera-t-il ? Que restera-t-il ?
Quand nous irons plus loin que nos étroites vies
Quand nous serons enfin au creux de l’infini
Que restera-t-il ? Que restera-t-il ?

Des bouteilles à la mer, de nos simples prières, de nos cibles manqués
De nos souliers vernis, de nos jeux favoris, de nos amours fidèles
De nos belles pensées, de nos mains dans la main, de nos rires d’enfants
Que restera-t-il …

L’eau est meilleure quand on a soif

Lac des PyrénéesC’est en mangeant une papillote de Révillon et en étant un peu déçu de ne pas avoir trouvé de pétard, que j’ai découvert cette maxime d’André Gide : « Si ce que tu manges ne te grise pas, c’est que tu n’avais pas assez faim« . [Les Nourritures terrestres (1897)].
Une autre maxime m’est venu à l’esprit : « L’eau est meilleure quand on a soif… »
N’est-il pas ?
Aprés plus d’une heure de grimpette en plein coeur de Juillet, je peux vous dire que, arrivé prés du lac, l’eau me paraissait la boisson la plus merveilleuse qui soit, et c’est bien une chose que j’oublie trop souvent. Je voudrais par ce billet remercier les personnes qui vivent prés de moi, et leur dire combien je les aime. Par habitude, par « après quoi on court », par « le manque de temps », par « tout va trop vite », par orgueil, par idiotie aussi, il m’arrive d’oublier à quel point elles tiennent une grande place dans ma vie
En prime, je vous offre cette belle vue de ce lac des Pyrénées qui m’a fait penser à tout ça. Il est actuellement en wallpaper fond d’écran sur mon bureau pour me rappeller que l’eau est meilleure quand on a soif.

Pierre Delanoë : disparition d’un grand auteur

L’auteur, Pierre Delanoë, est mort, cette nuit à l’âge de 88 ans.

DelanoeQuand j’avais 12/13 ans, j’ai découvert ces textes à travers des interprétes mémorables (voir ci-dessous). Il a fait partie de ceux qui m’ont donné envie d’écrire des chansons. Que dire de plus, si ce n’est merci…C’est un beau roman, c’est une belle histoire…

Extrait du site de la Sacem : « Son nom, depuis un demi siècle, était synonyme de succès : aucun auteur contemporain n’avait autant écrit, ni autant écrit de tubes. Les énumérer revient à réciter les lettres d’or de la chanson française.
Il était indissociable de Gilbert Bécaud (« Mes mains », « Nathalie », « La solitude ça n’existe pas », « Le jour où la pluie viendra », « Je reviens te chercher », « L’orange », « Et maintenant », « Je t’appartiens« , toutes deux devenues des standards internationaux) « L’opéra d’Aran« …), mais aussi d’Hugues Aufray (« Le rossignol anglais », « L’homme-orchestre », « L’épervier », « Les crayons de couleur », « Stewball », « La fille du nord », « Le jour où le bateau viendra » et de toutes les autres adaptations légendaires de Bob Dylan, qui influencèrent tant de carrières, de Renaud à Cabrel), Michel Fugain (« Je n’aurai pas le temps », « Ballade en Bugatti », « Une belle histoire », « Fais comme l’oiseau », « Attention Mesdames et Messieurs », « Bravo Monsieur le monde », « Chante comme si tu devais mourir demain », « Tout va changer« ), Michel Sardou (« Le France », « Les vieux mariés », « Les lacs du Connemara », « La java de Broadway », « En chantant », « Les villes de solitude », « Être une femme », « Les deux écoles », « Je viens du sud« ), Joe Dassin (« Les Champs-Élysées », « L »Amérique », « Le petit pain au chocolat », « Ça va pas changer le monde », « Et si tu n’existais pas », « A toi », « L’été indien », « Dans les yeux d’Emilie« , ces cinq dernières cosignées avec l’ami Claude Lemesle), Gérard Lenorman (« La ballade des gens heureux », « Voici les clefs », « Si j’étais président », « Gentil dauphin triste« ), Michel Polnareff (« Le bal des Laze », « Je suis un homme », »Y a qu’un cheveu« ), Nicoletta (« Il est mort le soleil« ), Nicole Croisille (« Une femme avec toi », « Je ne suis que de l’amour« ), François Valéry (« Aimons-nous vivants« ), Mireille Mathieu (« Qu’elle est belle« ), Nana Mouskouri (« C’est bon la vie », « Adieu Angelina », « Quand tu chantes », « Je chante avec toi liberté », « L’amour en héritage« ), Petula Clark (« Que fais-tu là Petula« ), Sylvie Vartan (« La Maritza », « Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes« ), Johnny Hallyday (« Derrière l’amour« ), Claude François (« C’est de l’eau, c’est du vent« ), Dalida (« Laissez-moi danser », « Samla ya Salama« ), Gilles Dreu (« Alouette« ), et beaucoup d’autres… »Personnage historique à sa façon, homme de passion, figure éminente d’Europe N°1, Président du Conseil d’Administration de la Sacem à plusieurs reprises, puis Président d’honneur, géant unique dans l’histoire de la chanson francophone -aucun auteur n’a connu et ne connaîtra une telle longévité artistique-, Pierre Delanoë fait partie de ces rares créateurs dont les œuvres sont entrées de leur vivant dans les mémoires et dans les livres d’écoles.

Infinis

Un soir de l’été 2006, ou un matin peut-être, je me baladais sur le net, et par un curieux hasard, je suis arrivé sur le site de Régine Foucault . Je suis resté sous le charme devant tant de beauté poétique et de surcroit contemporaine…J’imprime deux poèmes, dont « essentiel« , en me disant, peut-être qu’un jour…
Et puis un jour…les notes viennent…une musique nait. La mélodie est venue, ici, comme une évidence, avec grâce, un peu comme si elle existait déjà dans d’autres lieux, d’autres mondes. Cela me plait d’y croire…
Aujourd’hui, je vous propose un autre poème de
Régine Foucault …peut-être qu’un jour…

Infinis

Il est tant de pays que je n’ai jamais vus
Tant d’hommes et de femmes que je n’ai pas croisés
Il est tant d’aubes claires que déjà j’ai perdues
Tant de nuits étoilées que je n’ai explorées

Il est tant d’émotions que je n’ai éprouvées
Tant de mots d’amitié qui me restent étrangers
Il est tant de baisers que je n’ai pas donnés
Et tant de mains tendues que je n’ai pas serrées

Ma vie me semble infime en ce lieu à cette heure
Quel est donc ce vertige qui tout à coup me prend
Cet étau qui se serre cette indicible peur
Qui envahit l’espace et dévore le temps

Je rêve encore souvent de paix et de bonheur
Est-il un peu trop tôt est-il un peu trop tard
Qu’importe… Ton sourire s’est posé sur mon cœur
Comme un bel échassier à l’onde venu boire

 

Régine©

Anatole France

Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre ; c’est l’ombre du moi que j’étais il y a vingt-cinq ans ; Vraiment, il m’intéresse, ce petit : quand il existait, je ne me souciais guère de lui ; mais, maintenant qu’il n’est plus, je l’aime bien.
Il valait mieux, en somme, que les autres moi que j’ai eus après avoir perdu celui-là. Il était bien étourdi; mais il n’était pas méchant, et je dois lui rendre cette justice qu’il ne m’a pas laissé un seul mauvais souvenir ; c’est un innocent que j’ai perdu : il est bien naturel que je le regrette ; il est bien naturel que je le voie en pensée et que mon esprit s’amuse à ranimer son souvenir.

Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le coeur un peu serré : c’était la rentrée.

Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos, et sa toupie dans sa poche. L’idée de revoir ses camarades lui remettait de la joie au coeur. Il avait tant de choses à dire et à entendre! Ne lui fallait-il pas savoir si Laboriette avait chassé pour de bon dans la forêt de l’Aigle ? Ne lui fallait-il pas répondre qu’il avait, lui, monté à cheval dans les montagnes d’Auvergne ? Quand on fait une pareille chose, ce n’est pas pour la tenir cachée. Et puis c’est si bon de retrouver des camarades! Combien il lui tardait de revoir Fontanet, son ami, qui se moquait si gentiment de lui, Fontanet qui, pas plus gros qu’un rat et plus ingénieux qu’Ulysse, prenait partout la première place avec une grâce naturelle !

Il se sentait tout léger, à la pensée de revoir Fontanet.

C’est ainsi qu’il traversait le Luxembourg dans l’air frais du matin. Tout ce qu’il voyait alors, je le vois aujourd’hui.

C’est le même ciel et la même terre; les choses ont leur âme d’autrefois, leur âme qui m’égaye et m’attriste, et me trouble ; lui seul n’est plus.

C’est pourquoi, à mesure que je vieillis, je m’intéresse de plus en plus à la rentrée des classes.

Anatole France